Des klaxons en guise de reveil,
le genre de son qui donne légerement envie d'en finir avec ce siècle qui n'a durer que trop longtemps.
Oui des klaxons,
assourdissant,
abrutissant
et Ewan en balance sa chaussure par la fenêtre
et commence à hurler comme un animal mort du fond de son canapé-lit
en ésperant que ça changera quelque chose.
Enfin, on se lève simplement...
Ainsi, deux heures plus tard:
"Ewan t'as bu tout le café!?
-Ouaip, pas terrible d'ailleurs.
-C'en est finit de toi sale merd...
-Au fait, cette fille qui baise pas...
-Ne change pas de sujet enfoiré!
-...tu l'as baisé?
-Non.
-Et pourquoi?
-A cause de ces saloperies de kilomètre! Qu'est ce que tu me veux?
-Trouve en une autre! dit-il.
-Brillante idée! Trou du cul, finisseur de café, violeur d'enfant, égoïste, branleu...
-Quoi t'en as pas d'autre a appeller, c'est ça?
-Mmh...Il y a cette fille qui mange des cartons d'acide et qui a un chien qui louche.
-Putain! Tu me la présente?
-Va te faire foutre. Et puis tu devrais pas avoir besoin de boire du café, la nitroglycérine qui coule dans tes veines te fais déjà faire pas mal de conneries..."
Cette conversation, ça tombait très bien. Pas seulement parce que j'avais une envie vicérale d'insulter gratuitement quelqu'un,
mais aussi car çela me rappelait qu'il fallait que je téléphone à Christa;
cette pétillante petite brune et son fameux chien.
J'ai suivi mon instinct, j'ai descendu un verre de bailey's-qui remplacait le café- et j'ai composé son numéro.
Mais la volonté seule ne suffit pas, il faut aussi l'aide des astres ou d'autres conneries de ce genre. Et tu te demandes quelle genre de prophète bidon aurait pu prévoir qu'elle ne répondrait pas.
"Merde, je tombe sur la messagerie.
-Je le savais!
-Ta gueule Ewan!
-Tu peux toujours essayer celle qui baise pas... pauvre gland!"
C'est ce que j'ai fait, j'ai appelé Sonia. Et cette fois les astres étaient avec moi car ça répondait:
"Qu'est ce que tu me veux? dit-elle.
-Alors là je suis vexé, je pensais qu'on était plus proche que ça!
-On ne se connait pas.
-Mais si, dis-je.
-Non.
-Dans ce cas faisons connaissance.
-Déjà fait ça.
-Qu'est ce que je te disais. Alors où es-tu? J'entend la rue derrière toi.
-Donne moi une raison de te dire où je me trouve.
-Je ne ment pas.
-...Je suis au Henry's Pub, soupirat-elle.
J'aurais pu passer par la fenêtre et m'envoler pour la rejoindre si je n'étais pas un stupide primate sans ailes.Mais le trajet fut tout de même relativement court.
J'arrive au bar.
Elle est au comptoir, elle se retourne mais ne me vois pas, j'en profite pour me cacher derriere la colonne de l'entrée et je l'observe me chercher du regard en soulevant ses lunettes de soleil.
Elle jette quelques coup d'oeil à son téléphone,
elle m'attends,
elle me cherche!
Quelle sensation satisfaisante que d'imaginer cette petite boule de feu entrain de se demander où je suis.
Je suis sortis de ma cachette après qu'elle ai cessé ses recherches et discrètement je me suis assis sur le tabouret de droite. Elle me vit presque instantanement et m'offra un martini sans même me dire bonjour ou me demander mon avis (ce qui était de bonne guerre).
Et ça n'était pas comme la dernière fois, elle semblait moins triste. Elle a dit une chose, j'en ai dit une autre et la seconde d'après elle souriait, et bon sang je voulais voir ce sourire.
Nous mangeons ensemble.
Des fruits de mers.
Des tonnes de fruits de mer, et puis deux bouteilles de blanc.
Elle aime se moquer des clients du restaurant: un pauvre type avec une chemise orange, un short blanc et une longue moustache qui arrive sur son vélo de course n'y échappe pas, ainsi qu'une bonne femme cubique qui parle comme le cul d'une pute, un enfant-qui gueule-qui tombe-qui pleure-, et puis deux ou trois culs gigantesques y sont passés. Je crois que j'aime ça aussi. Toujours est-il qu'elle me fait rire et que nous passons l'après-midi ensemble. Les quelques instants de silence ne sont pas génant, on se sent bien malgré tout et il semblerait que ses yeux ont changé de couleur envers moi.
On arrive en bas de chez elle vers 20 heures, en titubant légerement. Elle soulève sa chevelure, sourit et me balance:
"Non.
-Non quoi?
-Tu me regardes comme si tu en attendais plus, c'est non.
-Mais peux-tu m'en vouloir?! Je n'aurais pas eu cette après-midi si je n'avais pas cette envie.
-Qu'est ce que tu veux dire?
-Disons que j'assume mes pulsions et que toi tu les fuis.
-T'es le genre de mec qui pense pouvoir avoir tout ce qu'il veut, hein?
-Putain non! C'est vraiment obscène ce que tu dis.... Je pense juste que la vie est bien trop chiante.
-Tu marques un point, mais c'est non.
-Pourtant la dernière fois au téléphone tu semblais...
-Tu aurais pu être mon voisin, je ne serais pas venu. De plus j'étais bien trop bourré! Et puis t'as vraiment cru que je sortirai de chez moi en pleine nuit pour...
-Ca va j'ai compris, dis-je.
-Enfin... tu es quand même violemment attirant.
-Quoi?"
Après quoi elle s'est enfuit derrière sa porte, me laissant pour seule compagnie une troublante longue route à faire et une envie insoutenable de l'arracher à son monde.
Mais la soirée commence à petiller comme du champagne, les lampadaires vont bientôt remplacer le soleil et les mouettes vont forniquer comme des dieux grecs toute la nuit au dessus de cette ville de non-baiseur. Heureusement qu'il reste les astres et leur soutien m'apporte un coup de fil. Je reconnais le numéro, c'est Christa.
"Je pensais que tu m'avais oublié, dit elle.
-Comment oublier une si jolie brune avec un chien qui louche tellement?
-Pourquoi m'as tu appelé aujourd'hui?
-Pourquoi pas? C'est peut-être le destin ou ...le karma?
-Conneries!
-Amen.
-Ecoute là je suis chez moi, et j'écoute un cd...si tu veux passer...
Ca aurait pu être la meilleure nouvelle de ma vie si je n'avais pas subi la contre-attaque des fruits de mers et du blanc. J'ai du vomir quatre fois avant de rassembler mes idées pour partir chercher l'extase chez Christa. Vous n'allez pas le croire mais j'ai même réussit à vomir chez elle, dès mon arrivé, sans éveiller ne serait-ce qu'un soupçon de sa part. Il faut dire qu'elle était réellement perchée, ses pupilles jaillisaient de son oeil comme un feu d'artifice et ses machoires dansaient la lambada. On boit un verre sur son balcon en toute tranquilité, mais elle ne peut s'empêcher de bouger, de parler, de me toucher, je suis jaloux tant elle plane. On s'embrasse, on grimpe tant bien que mal sur son lit et là elle me pousse d'une main et me dit:
"Toi et moi, on a décidé de ne pas être frustré!
-Quoi? dis-je.
-Regarde les tout ces connard qui se cache derrière leur cravate, ils pensent détenir la seule vérité valable mais au fond d'eux se cache une frustration éternelle!
-Arrête de m'allumer avec ton language indécent!
-Et nos âmes trop sensibles à la frustration se dégagent de cette route; la route des trous du cul!
-Je vais t'arracher touts tes vêtements et te prendre sauvagement!"
Oui je m'excite un peu, mais elle continue ses belles paroles et va même jusqu'à divaguer carrement. Au bout d'une heure ses yeux se révulsent et elle vomit sur son oreiller. Elle est prise de convulsions et fait des bruits d'animaux, j'en dégueule sur le tapis mes restes de fruits de mer. Inutile de vous parler des pompiers, des flics, de l'hôpital, de la nuit en céllule et du lendemain matin...
Aouch!!!
Tout n'aura était que rien.